SVT - Première S
Chapitre 4.2
Pratiques alimentaires et perspectives globales
       TP 1. Le défi alimentaire mondial
OBJECTIF


I. Le défi alimentaire mondial
A. Assurer l'augmentation de la production alimentaire
B. Une priorité donnée aux rendements
C. Le recours massif aux intrants
L'essentiel

II. La planète cultivable a des limites

A. Les surfaces agricoles ont des limites
B. Perte de biodiversité en milieu terrestre
C. Épuisement des ressources marines
D. Une ressource en eau limitée
L'essentiel

III. Du comportement individuel au comportement collectif : quelle agriculture pour demain ?

A. Renforcer l'efficacité énergétique alimentaire
B. Des pratiques alimentaires qui évoluent
C. Trouver des aliments de substitution pour les animaux
D. Et le changement climatique ?
L'essentiel


BILAN
TP 1. Le défi alimentaire mondial
 
Population mondiale (1961 à 2100)
La Terre compte actuellement environ 7 milliards d'êtres humains, soit près du double qu'il y a 40 ans. La population mondiale devrait continuer d'augmenter dans les 40 prochaines années pour atteindre 9,3 milliards d'individus en 2050 (8,1 à 10,6 milliards selon la projection) puis tendre à se stabiliser avec 10,1 milliards en 2100 (6,2 à 15,8 selon la projection).
Sources (mise à jour 2013) : faostat.fao.org et www.un.org
 
1    2    3
1 Nombre de personnes sous-alimentées dans le monde (1969-71 à 2010) - 2. Sous-alimentation et population mondiale - 3 Sous-alimentation dans le monde (2010-2012)
Au cours du siècle écoulé, le nombre de personnes sous-alimentées a augmenté (1) en dépit d’une baisse de sa proportion jusqu'en 1996 (2). Plus de 13 % de la population mondiale souffre de sous-alimentation (2) mais elle est inégalement répartie (3). En 2050, il faudra pourtant nourrir 2,3 milliards de bouches supplémentaires. Dès lors augmenter la production alimentaire est une nécessité mais on doit aussi rechercher la sécurité alimentaire.
Source texte : FAO - Image :1 www.notre-planete.info - 2 d'après données www.notre-planete.info et FAOSTAT - 3 www.fao.org avec mise à jour actualisée
     
OBJECTIF

Les pratiques alimentaires sont déterminées par les ressources disponibles, les habitudes individuelles ou collectives ainsi que selon les modes de production, de distribution et de consommation .

On recherche en quoi les pratiques alimentaires individuelles répétées collectivement peuvent avoir des conséquences environnementales à l'échelle planétaire.
   
Voir : Nourrir les hommes - Géographie seconde
   
I. Le défi alimentaire mondial
I.A. Assurer l'augmentation de la production alimentaire
 
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1. Production de céréales et de viandes dans le monde (1961–2009) - 2. Production halieutique et aquicole* mondiale
De 1961 à 2009 la production mondiale de céréales (1) a presque triplé et celle de viande (tous types confondus) a quadruplé (1). Depuis 1996 la production de viande augmente plus vite que celle de céréales (1). Dans le même temps, la production halieutique (= de la pêche) et aquicole* (2) a été multipliée par 7 et fournit environ 10 % de l’apport calorique chez l’homme.
* aquicole : terme préconisé, de préférence à aquacole, par l'Académie française .
Images : 1 d'après données FAOSTAT - 2 maps.grida.no
I.B. Une priorité donnée aux rendements
 
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1. Part dans les augmentations de production agricole pour les principales cultures (1965–2008) - 2. Part dans les augmentations de la production agricole selon les pays (1961 à 1999) - 3. Navire de pêche usine
Pour augmenter la production agricole, deux solutions non contradictoires se présentent : augmenter les rendements, c'est à dire la productivité, ou augmenter la superficie cultivée. Entre 1961 et 1999, l'augmentation de la production agricole (1 et 2) a davantage été fonction de l'accroissement du rendement (apport de 78 %) que de l'accroissement des des surfaces agricoles (apport de 15 % ) ou de l’intensification accrue des cultures (apport de 7 %). En mer apparaît la pêche industrielle avec des navires-usines (3) qui ont la possibilité de traiter en mer d'énormes quantités de poisson pêché à grande profondeur.
Images :1 et 2 (modifiée) maps.grida.no - 3 fr.wikipedia.org - Source texte : www.grida.no
 
Superficie des terres agricoles dans le monde (1961 à 2009)
Bien que non prépondérante, la superficie des terres agricoles a aussi contribué pour une part à l'augmentation de la production. En effet, la superficie des terres agricoles (terres arables cultivées et cultures permanentes) n'a cessé d'augmenter dans les pays en développement. La diminution observée dans les pays développés s'explique moins par la disponibilité des ressources terrestres que par des facteurs économiques, dont la surproduction des principaux produits de base et la baisse des prix agricoles.
Image d'après données FAOSTAT - Source texte : www.unep.org
I.C. Le recours massif aux intrants
 
Jusque dans les années 80, on s'est attaché à améliorer la fertilité des sols principalement en incorporant à ceux-ci des engrais minéraux car beaucoup de gouvernements soutenaient leurs agriculteurs en subventionnant les intrants agricoles comme les engrais, les pesticides ou l'rrigation (www.unep.org).
 
Consommation d'engrais dans le monde
De 1961 à 2009 la consommation d'engrais a été multipliée par 5 ce qui a contribué pour environ 50 % à l’accroissement des rendements agricoles.. Elle n'a jamais cessé d'augmenter sauf de 1988 à 1994 quand certains pays (comme dans l'Union Européenne) ont mis en place une réglementation limitant leur utilisation.
Image d'après données FAOSTAT - Source texte : www.grida.no
  Utilisation des pesticides dans le monde (1960–2005)
De 1961 à 1999 la production de pesticides s’est accrue de 854 %.
Image : www.grida.no - Source texte : www.unep.org
 
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1. Surfaces irriguées dans le monde (1960–2005) - 2. Surfaces irriguées et prélèvements d'eau douce (1970 2000) - 3. Équivalents en eau des principaux produits alimentaires
De 1961 à 1999, la superficie des terres irriguées a quasiment doublé mais semble depuis se stabiliser. Les rendements des terres irriguées sont, en moyenne, deux ou trois fois plus élevées que ceux des terres de cultures pluviales (non irriguées). Actuellement, 40 % des aliments disponibles dans le monde sont produits sur 17 % des terres irriguées (FAO, 1999). Les prélèvements d'eau à l'échelle mondiale ont suivi l'augmentation des surfaces irriguées, l'agriculture absorbe près de 70 % de la consommation d’eau dans le monde,
Images: 1 maps.grida.no - 2 www.unep.org - 3 www.fao.org - Texte : www.grida.no

I. Le défi alimentaire mondial

À l’échelle globale, l’agriculture cherche à relever le défi de l’alimentation d’une population humaine toujours croissante.

Durant la seconde moitié du XXe siècle la production alimentaire mondiale a augmenté de manière importante, principalement en raison des accroissements de rendement permis par l’utilisation d'intrants (engrais, pesticides, irrigation...) mais aussi par l’extension des superficies agricoles.

Cependant l'accroissement de production alimentaire est encore insuffisant car le nombre de personnes sous-alimentées a tendance à augmenter.
   
II. La planète cultivable a des limites
II. A. Les surfaces agricoles ont des limites
  La nécessaire augmentation des surfaces agricoles
 
1      2
1. Part dans les augmentations de la production agricole selon les pays (1961 à 1999 et projection 2050) - 2. Utilisation des terres et agriculture.
Durant les cinquante dernières années l'augmentation de la production agricole a surtout reposé sur l'augmentation des rendements (1). Cette situation pourrait se réorienter dans le futur vers une approche reposant davantage sur l’expansion des terres cultivées (1 et 2). Les projections actuelles indiquent qu’il faudra une superficie supplémentaire de 120 millions d’hectares (soit le double de la superficie de la France) pour pouvoir faire face à l’accroissement de la production alimentaire nécessaire d’ici à 2030.
Images : maps.grida.no - Source texte : www.grida.no
 
Surface au sol nécessaire pour produire 1 kg de quelques aliments
Il faut 5 fois plus de surface pour produire 1 kg de bœuf que pour produire 1 kg de poulet. De plus la production végértale est beaucoup plus économe en espace que la production animale. Selon le type de production la surface au sol nécessaire varie dans des proprtions énormes.
Image : SVT 1S, Belin 2011, p. 184
  La dégradation des sols agricoles
 
Variation mondiale de la productivité entre 1981 et 2003
La surproduction, la mauvaise gestion des terres et de l’eau, la déforestation, la désertification, l’absence de rotation des cultures, le recours excessif aux engrais et autres produits chimiques et l’emploi d’un matériel agricole inadapté entraînent une dégradation des sols et des baisses de productivité qui touchent actuellement près de 40 % des surfaces agricoles.
Image : maps.grida.no - Source : www.unep.fr
 
Stagnation du rendement de blé tendre en France (1997-2012)
En France, comme dans le reste de l'Europe, on observe depuis 15 ans une stagnation, voire une régression des rendements. Cette situation est liée à l'évolution climatique ainsi que du faible niveau et du recul des investissements dans le secteur agricole.
Image : www.terre-finance.fr - Source texte : www.grida.no
  Le partage du sol
 
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1. Champ de coton - 2. Champ de colza destiné à la production d'agrocarburant - 3. Blaye (remarquer la différence de densité entre les nouveaux et les anciens quartiers) - 4. Installations industrielles du bec d'Ambès
Image : 1 www.futura-sciences.com - 2 www.geo.fr - 3 www.vues-aeriennes-bordeaux.fr - 4 Google Earth (SPOT)
Non seulement l'agriculture doit faire face à la dégradation des sols mais elle entre en concurrence avec d'autres utilisations du sol : le développement des cultures non alimentaires, telles que le coton (1) ou les agrocarburants (2), l’urbanisation accompgnée d'un développement de l'habitat individuel (3) et l’industrialisation (4) qui risquent de réduire les superficies cultivables disponibles à l'échelle mondiale de 8 à 20 % d’ici à 2050.
Source texte : www.grida.no
 
Itinéraire du "Grand contournement" de Bordeaux (projet 2007, abandonné)
Les implantations de populations se font essentiellement aux dépens des terres agricoles puisque, historiquement, elles ont lieu dans les zones les plus productives Ainsi, au fur et à mesure de la croissance des agglomérations urbaines et rurales, les terres agricoles adjacentes se contractent pour faire place à des infrastructures urbaines comme les routes (voir l'affaire du "Grand contournement") et le logement.
Image : www.contournement-bordeaux.aquitaine.equipement.gouv.fr
  Planète à vendre
 
Contrats de bail internationaux pour l’exploitation de terres agricoles (2009)
Des gouvernements qui dépendent majoritairement des importations pour nourrir leur population et qui craignent pour leur autosuffisance alimentaire (l’Arabie saoudite, la Chine, la Corée du Sud, les Emirats Arabes Unis, l’Inde ou le Japon...), mais aussi des investisseurs internationaux achètent des terres cultivables partout où elles sont à vendre. Et la nécessité nourrit la spéculation. Ainsi, une nation comme l'Éthiopie, qui recourt à l'aide internationale pour nourrir sa population, n'hésite pas à brader ses terres.
Image : www.grida.no - Source : videos.arte.tv
 II.B. Perte de biodiversité en milieu terrestre
  Diminution du nombre d'espèces sauvages
 
Biodiversité, par rapport à l’abondance des espèces avant les impacts anthropiques*
L’augmentation continue des surfaces agricoles au détriment des prairies, des forêts ou des haies, la pollution, le changement climatique et le développement des infrastructures entraînent la disparition accélérée d’écosystèmes naturels et une réduction drastique de la biodiversité.
*anthropique : lié à l'Homme.
Image :
maps.grida.no - Source texte : www.unep.f
r et www.grida.no
 
Un exemple d'indicateur de biodiversité : les oiseaux communs d'Europe occidentale
L’intensification de l’agriculture réduit la diversité des cultures, détruit les herbages et les haies (disparition de l'habitat) et requiert une utilisation excessive de pesticides (les oisillons se nourrissent d'insectes) et d’engrais. Ce sont les principales causes de la disparition de près de 50 % des espèces d’oiseaux champêtres au cours des trois dernières décennies.
Image : d'après fr.wikipedia.org - Source texte : www.unep.fr et www.grida.no
  Uniformisation des variétés cultivées et des races élevées
 
La bordelaise... c'est aussi une vache
Élevée dans les palus de la Gironde (zones humides entre la rivière et les coteaux viticoles) cette race fournissait autrefois Bordeaux en lait et beurre. Son déclin a commencé au XIXe siècle quand l'arrivée du chemin de fer à permis de s'approvisionner plus loin en laitage et de bien vendre le vin. Elle a disparu dans les années 1960-70, depuis la race a pu être reconstituée à partir de quelques individus.
Image et texte : fr.wikipedia.org - commons.wikimedia.org- RR de Facto
 
Les nouvelles technologies agricoles et la commercialisation mondiale des semences ont tendance à faire reculer les traditions agricoles locales. Il en résulte une uniformisation des produits qui appauvrit le patrimoine génétique. Selon la FAO, sur quelque 6 300 races d’animaux domestiques, 1 350 sont menacées d’extinction et 2 races domestiques sont perdues chaque semaine.
Source texte : www.grida.no
II. C. Épuisement des ressources marines
 
Production halieutique et aquicole mondiale
Aujourd’hui, les pêches maritimes produisent annuellement 130 millions de tonnes de poissons et fruits de mer, dont 70 millions sont consommées directement par l’homme, 30 millions rejetées en mer et 30 millions transformées en farine de poisson. Ce niveau est susceptible de baisser ou tout au plus de se stabiliser dans le futur, et pourrait avoir déjà atteint sa valeur maximale.
Image et source du texte : maps.grida.no - www.grida.no
 
État des 200 principales ressources halieutiques (1950–2000)
Le nombre de ressources " en déclin ", probablement soumises à une pression de pêche excessive, a augmenté depuis le début de la période étudiée et s'est probablement stabilisée durant les dernières décennies. Les ressources " en reprise " semblent avoir augmenté par suite d'une amélioration de la gestion notamment. Le fait que plus des deux tiers des ressources apparaissent comme " matures ", " en déclin " ou " en reprise " souligne la nécessité d'un contrôle immédiat de l'effort et de la capacité de pêche.
Image (modifiée) et texte : www.fao.org
 
Le chalutage de fond
Les pêches de poisson en mer sont en diminution depuis les années 90. Cela est dû à deux causes principales :
- des pratiques de pêche dévastatrices et non viables à long terme comme le chalutage de fond qui capture simultanément plusieurs espèces de dimensions et de morphologie différentes et détériore les habitats ainsi que les organismes posés sur le fond ;
- la plupart des prises étant réalisées près des côtes (sur le plateau continental), la pollution causée par des apports excessifs de phosphore et d’azote provenant des égouts et du ruissellement des terres cultivées entraîne une réduction de la ressource.
Image : wwz.ifremer.fr
 
Profondeur moyenne des sites de pêche en mer
La diminution de la ressource halieutique a été en partie masquée par l’extension progressive des activités de pêche en haute mer. Dans des zones de plus en plus profondes (parfois à plus de 400 m) on capture de nouvelles espèces, jusque là inexploitées (flétan, empereur, hoki, sébastre, lingue).
Image : www.grida.no
 
Une ferme aquicole (en Grèce)
La diminution de la pêche de capture marine est contrebalancée en partie par l'aquiculture*. Si quelques poissons d’élevage, comme la carpe ou le tilapia, sont herbivores ou omnivores, la plupart, comme le saumon, la truite, la daurade, le bar ou les crevettes, sont carnivores.
* aquiculture : terme préconisé, de préférence à aquaculture, par l'Académie française .
Image : www.histgeographie.com
 
Alimentation des poissons d'élevage (ici le saumon)
Les poissons carnivores d’élevage sont nourris de granulés contenant principalement de la farine de poisson, riche en protéines, et de l’huile de poisson ; on y ajoute également des protéines végétales et des céréales.
L’élevage de saumons, de crevettes et de truites absorbe à lui seul près de 60 % de toute la farine de poisson destinée à l’aquiculture, alors qu’il représente moins de 10 % de la production aquicole totale (Deutsch et coll., 2007).
Image : www.dfo-mpo.gc.ca
 
La disponibilité d’espèces sauvages de poisson marin pour la production de farine de poisson étant limitée, le développement de l'aquiculture est remis en cause (FAO, 2008).
II. D. Une ressource en eau limitée
  Le besoin croissant en eau ?
 
1 2
1. Besoin de ressources en eau pour la production alimentaire (1960 à 2050 - source PNUE*) - 2. Prélèvements d’eau dans le monde (2000 à 2050 - source OCDE**)
Pour le PNUE* (2009), les prélèvements d’eau pour la production alimentaire devraient augmenter de 22 à 32 % d’ici à 2025 et quasiment doubler à l’horizon 2050 pour assurer la sécurité alimentaire de l'humanité (2). Cependant l'OCDE** (2010), en se fondant sur des arguments économiques, estime : " Il se pourrait que l’agriculture ait besoin (dans l'avenir) de moins en moins d’eau, en valeur absolue comme en pourcentage du volume utilisé à l’échelle mondiale, moyennant des améliorations du rendement hydraulique ".
* Programme des Nations unies pour l'environnement (organisme de l'ONU).
** Organisation de coopération et de développement économiques qui regroupe 36 pays développés à économie de marché.

Images : 1(modifiée) maps.grida.no - 2 www.oecd.org - Texte : www.unep.org - www.grida.no - www.oecd.org
  Le partage de l'eau
 
La planète bleue
L'eau douce liquide ne représente que 2,5% du volume l’eau de la planète. Les principales sources d'eau utilisable par l'homme sont les lacs, les rivières, l'humidité du sol et les nappes acquières relativement peu profondes. La fraction utilisable représente environ 200 000 km3, soit moins de 1% de l'eau douce et seulement 0,01% de l'ensemble de l'eau présente sur la Terre. Une grande partie de l'eau disponible est éloignée des populations humaines, ce qui complique encore le problème de l'utilisation de l'eau.
Image : fr.academic.ru - Texte : www.unep.org
 
Usages de l'eau dans le monde
L'irrigation est souvent utilisée en complément des précipitations afin d’augmenter les rendements et d’accroître la durée de la saison agricole, ainsi, 40 % de la production vivrière mondiale doit son existence à l'irrigation. L'agriculture absorbe ainsi près de 70 % de la consommation d’eau dans le monde (45 % dans les pays de l’OCDE). L'industrie en utilise 22 % (y compris la part consacrée à la production d’électricité hydraulique et nucléaire) et les ménages 8 %.
 
Économiser l'eau
 
Salinisation d'un sol
Actuellement, beaucoup de systèmes d'irrigation sont peu efficaces car ils entraînent des pertes importantes à la suite de fuites sur le réseau de distribution ou par évaporation. De plus, dans de nombreux cas, ils provoquent une dégradation des sols (saturation, salinisation, alcalinisation).
Image : commons.wikimedia.org - www.nrcs.usda.gov
 
L’arrosage goutte à goutte
Cette technique utilise des tuyaux enterrés. L’eau imbibe lentement le sol et maintient le substrat humide autour des racines. Ce procédé permet notamment de réduire les pertes dues à l’évaporation. En Inde, en Israël, en Jordanie, en Espagne et en Californie, cette méthode a permis de diminuer la quantité d’eau utilisée de 30 à 70 %, tout en augmentant le rendement des cultures de 20 à 90 %.
Image : irrigation-ventoux.com
 
Réutilisation des eaux usées épurées
Dans la quasi-totalité des situations les eaux issues des stations d'épuration sont rejetées dans le milieu naturel. Leur utilisation, pour l'arrosage agricole notamment, représente une importante économie tout en permettent une réalimentation des nappes d'eau souterraines. Cette technique est déjà employée dans certains pays où elle représente un apport important 25% en Israël, plus de 10% en Australie, en Tunisie ou en Jordanie. En France elle est utilisée en milieu insulaire (Porquerolles, Ars-en-Ré, Noirmoutier).
Source : www.u-picardie.fr
  Choisir des productions adaptées aux conditions climatiques
 
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1. Arrosage du maïs - 2. Besoins en eau du maïs en fonction du temps
Le maïs est une céréale tropicale, très gourmande en eau. En France, le maïs doit être arrosé pendant sa période de floraison, en plein été. Près de la moitié de l’eau utilisée en France l'est pour l’irrigation du maïs. Et cette production ne cesse d’augmenter car le maïs ainsi produit est principalement utilisé pour nourrir le bétail. Le blé demande aussi beaucoup d'eau, mais principalement lors de la levée, du thallage et dans la quinzaine qui précède l'épiaison qui se déroulent à des périodes où les précipitations sont plus abondantes. Il est donc mieux adapté à nos climats.
Images : 1 fr.academic.ru - 2 SVT 1S, Belin 2011, p. 162 fig. 2
  Équivalent en eau de quelques produits alimentaires
Bilan partiel
 
Pertes possibles de rendement et de superficie cultivable à l'horizon 2050
Fourchettes individuelles possibles mais les effets cumulés et indirects ou les interactions ne sont pas pris en compte.
Image : maps.grida.no
     
II. La planète cultivable a des limites

Les réserves en terres cultivables et en eau sont limitées et inégalement réparties. Pour satisfaire les besoins alimentaires de l'humanité l'augmentation des surfaces cultivables et des prélèvements d'eau est nécessaire mais elle s'oppose à la concurrence avec d'autres utilisations (cultures non alimentaires, industrie, urbanisation...).

Toute tendance à vouloir produire plus d’aliments uniquement par des moyens tels que l’expansion effrénée des superficies cultivées, l’intensification des rendements à l’aide d’intrants et l’augmentation des récoltes au-delà des niveaux viables à long terme risquerait d’éroder davantage le socle sur lequel repose la production alimentaire. Au cours des 10 dernières années, les rendements de céréales se sont pratiquement stabilisés, alors qu’ils ont diminué en ce qui concerne les ressources halieutiques.

L'intensification de l'agriculture ne pourra pas indéfiniment être compensée par l'utilisation d'engrais minéraux :
- leur production consomme beaucoup d'énergie fossile et de ressources minières. Or ces ressources se raréfient et leur coût devrait croître à moyen terme ;
- leur utilisation pose trop de problèmes environnementaux.


Il convient de trouver d’autres solutions pour remplacer l’utilisation de céréales dans l’alimentation des animaux, recycler les déchets aux fins de production fourragère et de récupération d’énergie, et réduire l’utilisation de terres agricoles à des fins non alimentaires.
   
III. Du comportement individuel au comportement collectif : quelle agriculture pour demain ?
III. A. Renforcer l'efficacité énergétique alimentaire
 
L'offre alimentaire ne dépend pas uniquement de la production, elle est aussi fonction de l’efficacité énergétique alimentaire. C'est la capacité de réduire au maximum la perte de l’énergie contenue dans les aliments à travers tout le processus d’utilisation (récolte, transformation, consommation effective et recyclage).
 
Estimation brute des pertes énergétiques dans la chaîne de production alimentaire
Vers la fin des années 1990, les agriculteurs produisaient en moyenne l'équivalent de 4 600 kilocalories par personne par jour. Après déduction des pertes, des conversions et de gaspillage à différents stades de la chaîne d'approvisionnement alimentaire, environ 2 800 kilocalories sont disponibles pour l'offre (aliments animaux et végétaux confondus) et, au bout de la chaîne, 2 000 kilocalories en moyenne sont disponibles pour la consommation (soit 43 % seulement des récoltes comestibles potentielles).
Image et source du texte : maps.grida.no
 
Pertes alimentaires par type de produit (aliments consommés/perdus par le consommateur)
Le tiers des aliments produits chaque année dans le monde pour la consommation humaine, soit environ 1,3 milliard de tonnes, est perdu ou gaspillé. Chaque année, les consommateurs des pays riches gaspillent presque autant de nourriture, soit 222 millions de tonnes, que l'entière production alimentaire nette de l'Afrique subsaharienne, soit 230 millions de tonnes. Aux Etat-Unis, les déchets organiques occupent la deuxième place parmi les catégories de déchets présentes dans les décharges, celles-ci étant la principale source d’émissions de méthane qui est un gaz à effet de serre.
Image : maps.grida.no - Source : www.un.org
 
Rejet de poisson à la mer
20% du tonnage pêché est rejeté à la mer car les poissons sont trop petits ou non valorisés commercialement, leur mortalité avoisine 80%. C'est la proportion la plus élevée de pertes d’aliments récoltés ou produits à partir de sources naturelles. Cette quantité suffirait par exemple à assurer une augmentation de 50 % de la production aquicole ce qui permettrait de maintenir la consommation de poisson par personne aux niveaux actuels jusqu’en 2050. Bon nombre des espèces concernées peuvent cependant être utilisées directement pour la consommation humaine.
Image : www.fishfight.fr
III. B. Des pratiques alimentaires qui évoluent
  Une semaine de repas familiaux
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1. Italie (260 $) - 2. Égypte (69 $) - 3. Allemagne (500 $)  - 4. Équateur(32 $)
Comparer la variation des habitudes alimentaires selon les pays et préciser leur impact sur l'environnement et la santé.
Images : www.neomansland.info - www.tuxboard.com
 

Évolution du régime alimentaire humain
La consommation de viande est passée de 27 kilogrammes par personne et par an entre 1974 et 1976 à 37,4 kg en 2000 et devrait atteindre 52 kg en 2050. L’augmentation de la consommation de viande entraîne, par ricochet, une augmentation de la demande de céréales pour l’alimentation du bétail, d'eau pour cultiver les céréales ainsi que de la quantité des déchets et des rejets alimentaires.
Image : maps.grida.no - Source du texte : FAOSTATS - www.grida.no

 
Consommation de viande et niveau de vie
Dans un pays à faible revenu la priorité est de couvrir ses besoins alimentaires, ce qui est plus facile avec des aliments végétaux. Lorsque le besoin alimentaire minimum est assuré on observe une diversification alimentaire qui fait une large place aux aliments d'origine végétale.
Image : SVT 1S, Bordas 2011 p. 210 fig. 2
  Vaches au pré
La production mondiale de céréales (blé, riz, maïs... ) représente environ 50 % de l’apport calorique chez l'homme. Un changement de régime alimentaire reposant sur une consommation accrue de viande nécessite une augmentation des terres cultivables affectées à l'élevage et à la nourriture des animaux. Toute variation de la production de céréales à des fins autres que la consommation humaine aura donc un effet immédiat sur la ration calorique d’une vaste frange de la population mondiale.
Image : commons.wikimedia.org - J. P. Le Ridant - Voir aussi : fr.wikipedia.org
 
1      2
1. Comparaison de la ration alimentaire d'un Asiatique et d'un américain
(valeurs en pourcentages de l'apport énergétique) - 2. Plat unique ?
Même s'il demeure évidemment des variations entre les régions, on observe une homogénéisation progressive des goûts alimentaires sur le plan mondial. En Asie, les sociétés dont le riz est l’aliment de base traditionnel consomment de plus en plus de blé (pain, gâteaux...), de légumes, le lait et les produits laitiers, ainsi que des fruits.
Image : SVT 1S, Nathan 2011, p. 246 fig. b
III. C. Trouver des aliments de substitution pour les animaux
 
L'augmentation de la demande de produits céréaliers, tant pour l'alimentation humaine qu'animale, risque d'atteindre des niveaux difficilement supportables durant le XXIe siècle. 45 % des céréales produites dans le monde sont actuellement destinées à l'alimentation animale. Il semble difficile que cette proportion augmente sensiblement. Il est alors probablement plus facile de changer l’alimentation animale que de modifier les choix et les habitudes alimentaires humaines.
 
Rangées de varech
1e piste. Trouver de nouvelles sources d'aliments parmi ceux qui ne sont pas encore pleinement exploités : la cellulose, le varech, les algues et d’autres organismes marins sous-utilisés comme le krill. Cependant, les possibilités qu’elles offrent demeurent incertaines en raison des obstacles technologiques à franchir pour les rendre utilisables. De plus on peut s'inquiéter des conséquences de leur exploitation sur les écosystèmes.
Image : picasaweb.google.com
 
Déchets alimentaires
2e piste. Améliorer l’efficacité énergétique et les méthodes de conservation tout au long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire en utilisant des déchets alimentaires et des pertes post-récolte. Les déchets émanant de la chaîne alimentaire humaine pourraient être utilisés comme substituts aux céréales utilisées comme nourriture pour animaux. La quantité de céréales ainsi rendue disponible grâce à ces alternatives pourrait nourrir l'ensemble des 3 milliards de personnes supplémentaires attendues d'ici 2050 sur la planète sans avoir à élever le niveau de production actuel.
Image : www.recytec-environnement.com - Texte : www.cyberpresse.ca
III. D. Et le changement climatique ?
  Agriculture et gaz à effet de serre
 

Vaches au pré
L’élevage génère 9% du dioxyde de carbone rejeté dans l'atmosphère (déforestation pour l’extension des pâturages et des terres arables pour la culture fourragère, carburant, chauffage des bâtiments d’élevage...), 37% du méthane (fermentation entérique digestion des ruminants et fermentation des déjections animales) et 65% de l’oxyde d’azote (épandage d’engrais azotés) .
Consulter : cait.wri.org

 
Fermiers dans une rizière
Le riz est la céréale la plus cultivée dans le monde. Il est surtout consommé en Asie mais la consommation mondiale moyenne représente 250 g par habitant. Or la riziculture immergée s'accompagne d'un important rejet de méthane (120 g de méthane émis par kg de riz produit) qui est un puissant gaz à effet de serre.
Image : www.chine-informations.com - Texte : SVT 1S, Nathan 2011, p. 246
  Émission de GES selon la nature de la production

Image : 1 SVT 1S, Bordas 2011 p. 214 fig. 1b
  Consommation et effet de serre
 

Consommer des fruits et légumes hors saison
Mangez des pommes
Les aliments produits localement ont un bilan carbone, c'est à dire une contribution au changement climatique, meilleur que celui des denrées devant être transportées et longuement conservées par le froid, la déshydratation ou la stérilisation..
Image : SVT 1S, Nathan 2011p. 247 fig. 2a

  Consommer des aliments industriels
Répartition du bilan carbone d'une glace aux fruits


Image : www.benjerry.fr
 
Consommer des aliments venus d'ailleurs
Bilan carbone de deux assiettes semblables consommées en Aquitaine

Pour des raisons financières (moindre coût) ou de non-disponibilité locale, les aliments peuvent être importés de régions lointaines. Un aliment a ainsi parcouru en moyenne 4000 km avant de parvenir dans l'assiette d'un américain.
SVT 1S, Belin 2011, p. 184
  Changement climatique et rendements agricoles
 
Le changement climatique mondial pourrait influer sur la production alimentaire selon divers modes :
1) en modifiant l’ensemble des conditions de croissance (régime des pluies et des températures et carbone) ;
2) en provoquant plus fréquemment des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les inondations, les sécheresses et les tempêtes ;
3) en augmentant l’ampleur, les types et la fréquence des infestations, notamment en ce qui concerne les espèces exotiques envahissantes.
Les projections des modèles donnent à penser que malgré les baisses de rendement agricole qu’entraîneront l’élévation des températures et la diminution de l’humidité du sol d’ici à 2050, l’effet fertilisant de la concentration accrue de dioxyde de carbone compensera ces pertes.
Image : thewolf.centerblog.net - Texte : www.grida.no
  Le défi de l'agriculture : concilier quatre objectifs
     
III. Du comportement individuel au comportement collectif : quelle agriculture pour demain ?

L’accroissement de la demande et des besoins alimentaires résulte des effets combinés de la croissance de la population mondiale, de l’augmentation des revenus et de l’évolution des régimes alimentaires vers une consommation accrue de produits carnés.

Une part considérable de la demande alimentaire croissante pourrait être satisfaite par l’adoption de pratiques visant à favoriser l’efficacité énergétique alimentaire, telles que le recyclage des déchets. Grâce à de nouvelles technologies, les déchets émanant de la chaîne alimentaire pourraient se substituer aux céréales dans les aliments pour animaux. La quantité de céréales rendue disponible par de telles solutions de rechange pourrait nourrir l’ensemble des 3 milliards de personnes supplémentaires attendues d’ici à 2050. Parallèlement, cela renforcerait le développement de l’économie verte et réduirait les pressions qui s’exercent sur les ressources biologiques et hydriques, pour l’avènement d’une solution véritablement bénéfique pour tous.

   
BILAN
Si, pour la FAO, les prévisions montrent qu'il sera possible de produire assez de nourriture pour l'humanité en 2050, la question de la répartition mondiale de cette nourriture est des conditions écologiques de sa production reste posée.
   
 

Pour en savoir plus

Sitographie